Froid cinclant

Silence. Il neige. La poudre blanche s'accroche aux branches des vieux vergers de Modave.

Car nous sommes à Modave, dans le Condroz, au départ d'une sortie ornitho guidée par Luc. Nous sommes survolés par des grives, essentiellement litornes et mauvis.

Notre chemin nous mène le long du Hoyoux, belle rivière au cours rapide et au lit caillouteux.

Vu les conditions météo, il semble improbable que nous parvenions à observer des tonnes d'oiseaux aujourd'hui mais le calme de la vallée semble éternel, irréel.

Nous espérons un cadeau du ciel. Mais qui est le dieu des ornithologues ? Qui ?


Je vous l'accorde, il n'est pas rare et j'aurais eu autant de chance de l'apercevoir en scrutant les recoins de mon minuscule jardin suburbain mais cette rencontre fait du bien.
Le Rougegorge familier Erithacus rubecula semble vouloir sympathiser : il tourne à faible distance autour de notre groupe.

C'est notre compagnon le plus fidèle en cette saison : tous les matins, on peut l'entendre chanter avant le lever du jour, quasiment tout l'hiver.

Territorial en diable, il m'accompagne chaque jour que dieu fait le long du trajet qui me mène à la gare.

Car oui, je le confesse, j'appartiens à une espèce migratrice pendulaire d'un genre grégaire : il s'agit du navetteur SNCB (j'ignore le nom latin) - mais ceci est une autre histoire...

Il ne sera pas dit que nous n'aurons affronté les premiers vrais frimas que pour identifier ce très prévisible muscicapidé !

"Il suffit de passer le pont, c'est tout de suite l'aventure" chantait Brassens.

Ne voici-t-il pas qu'après le pont précisément nous croyons distinguer un animal étrange, juché sur une pierre surplombant la rivière...

Dans cette luminosité ouatée qui reflète un improbable rayon, nos yeux n'en croient pas leurs oreilles.

Serait-ce lui ?