mercredi 28 novembre 2007

Brabançonne


Je suppose que vous connaissez Haut-Ittre.

Bien sûr, si vous habitez dans la banlieue de Toronto, il est concevable que vous envisagiez froidement de finir votre existence sans jamais rendre à ce petit patelin du Brabant wallon la visite qu'il mérite.

Pour ce qui me concerne, il m'arrive plus souvent qu'à mon tour d'y excursionner et même, à l'occasion, d'y guider un groupe de naturalistes en herbe (ou en graine d'ailleurs) histoire de partager avec mes contemporains une partie de ma vaste (mé)connaissance des choses de la nature.

A Haut-Ittre, il n'y a ni réserve naturelle ni biotope exceptionnel susceptible d'accueillir la moindre espèce rarissime. Les cocheurs qui s'aventureraient par ici en seraient à coup sûr pour leurs frais. Seule la période des passages migratoires peut à l'occasion nous permettre d'observer l'une ou l'autre espèce moins commune.

C'est de la campagne en voie de suburbanisation progressive : de la terre à betteraves, quelques bois, un sympathique ruisseau (le Ry Ternel), plusieurs très belles fermes, un village dont je vous ai montré dans un billet précédent la superbe petite église romane, tout cela à proximité d'une autoroute quelque peu dérangeante.

Je me demande si, quand je m'y balade avec ma longue-vue, mes jumelles et mon guide ornitho, je ne passe pas aux yeux de certains autochtones pour une sorte d'extra-terrestre. Ou pour un géomètre chargé de poser les jalons de quelque grandiose projet d'expropriation.

Plusieurs chemins creux bordés de haies vives permettent heureusement de conserver une certaine bio-diversité. Ils constituent un refuge pour pas mal d'insectes, oiseaux et végétaux. Plus égoïstement, ils offrent au promeneur un abri contre les ardeurs parfois excessives du soleil ou du vent, selon la saison.



Aujourd'hui encore, je vous invite à faire quelques pas en ma compagnie dans cette campagne brabançonne non dépourvue d'intérêt.


Poussant sur le vieux mur qui entoure l'église, remarquons déjà une jolie petite fougère : la Rue des murailles (Asplenium ruta-muraria en latin de sacristie).


A peine avons-nous dépassé la dernière ferme du village, voici que notre attention est attirée par une forme rousse au milieu des charmes (vous aurez bien entendu compris que je fais allusion à l'arbre et non à quelque beauté locale).


Notre beauté locale est rousse. Sa denture ne lui vaudrait peut-être pas la première place à un concours d'élégance mais est bien pratique pour décortiquer les fruits secs qui abondent en cette saison.

Tout occupé à la dégustation des fruits (akènes) du Charme, notre Ecureuil roux ne fait guère attention à nous : son temps est précieux.


Quelques mètres plus loin, nous voici devant les fruits échevelés de la Clématite des haies (Clematis vitalba), une de nos lianes indigènes.



A y regarder de plus près, on voit bien qu'il s'agit d'un fruit sec (encore un akène) surmonté d'une sorte de plume qui est en fait le résultat du développement du style. Ces fruits persistent une bonne partie de l'hiver.

Ces haies offrent un abri sûr à plusieurs espèces d'oiseaux : la Grive mauvis, par exemple, n'y est pas rare en automne.

Parmi les arbres abondants en cet endroit, nous remarquerons le Frêne commun (Fraxinus excelsior) facilement reconnaissable en hiver à ses bourgeons noirs.



Mais voici qu'un cri sec et nerveux attire notre attention. Le Pic épeiche est dans les environs. Cherchons l'arbre sur lequel il s'est agrippé.


En effet, c'est même une femelle puisqu'elle est dépourvue de rouge à l'arrière de la calotte.
Ca a beau être notre pic le plus commun, j'éprouve toujours une grande émotion à l'observer.

En compagnie de notre pic qui se laissera admirer assez longtemps, je vous propose de faire une petite halte avant de reprendre notre marche et nos observations naturalistes.

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